mardi 24 mars 2009

Dementia

Chapter 2

Je n’eus pas le loisir de profiter d’un long sommeil. Je m’étais rendormi très tard et je ne pus fermer l’œil que deux heures avant que le réveil ne sonne. Je ne pus donc échapper ni aux cernes prononcées sous les yeux, ni à l’engourdissement général de mes membres.

Ma torpeur s’estompa lorsque je découvris, ravi, que mon lit était propre et mon dos indolore.

J’hésitai cependant avant de laisser mon euphorie prendre le relais et s’exprimer à travers mon corps. Je me mis alors à tirer sur mes plumes, une à une, afin de vérifier qu’elles étaient bien en place et ne risquaient pas de se détacher au milieu de la journée.

Le peu d’énergie qu’il me restait n’hésita alors pas à faire surface. Je sautai sur le lit et poussai des cris de joie, exactement comme le jour où je vis pour la première fois mes ailes pousser.

Au troisième saut je m’effondrai sur le lit. La fatigue avait pris le dessus comme pour clamer que mon corps avait besoin de repos. D’ailleurs il en était de même pour mon cerveau, car à cet instant précis je me mis à envisager la possibilité que tout ceci ne fût qu’un répit avant que mon mal ne reprenne son cours.

Je chassai cette idée de ma tête et me hâtai de peur d’être encore en retard.

Un brouillard s’était installé sur la ville pendant la nuit. J’étais mouillé lorsque je montai dans le bus. La brume se collant à mon visage m’avait certes réveillé, je n’en restais pas moins fatigué, ce qui me mettait de mauvaise humeur. Il fallait que la journée se termine vite, je dormirai tôt ce soir et d’un sommeil profond, il le fallait. Après tout, les choses n’allaient elles pas mieux ?

Je me perdis dans la contemplation du paysage qui défilait à travers la fenêtre. D’abord je ne remarquai pas la jeune fille qui me dévisageai à l’avant du bus. Je la vis lorsque je tournai la tête pour vérifier que la prochaine station était bien celle où je devais descendre, et risquai un regard vers elle. Une élève de seconde, me semble-t-il. Je détournai rapidement la tête de peur qu’elle ne s’invite sur le siège libre à côté du mien. Non qu’elle fut désagréable à regarder, au contraire. Mais en ce moment, j’avais l’impression que mes sens étaient sous l’emprise de quelqu’un d’autre, et le peu de lucidité dont je disposais suffisait déjà à m’éclairer sur la personne en question : je revoyais ma rencontre fortuite avec la charmante lycéenne, la journée précédente.

J’arrivai au lycée juste à temps pour le début des cours et pressa le pas pour ne pas rater mon entrée au cours de math. Je traversai le couloir qui conduisait à ma classe lorsque je passai devant une classe de terminale. Elle était là, assise au fond de la classe.

Elle était plus âgée que moi. Voilà qui n’arrangeait pas mes affaires.

J’ôtai cette réflexion de ma tête. Qu’allais-je m’imaginer ? De toute façon j’avais pour consigne de ne pas me faire de petite amie, car il aurait suffit qu’elle m’enlace, chose tout à fait anodine dans un couple, pour qu’elle sente mes ailes sous mon pull.

Cet arrêt imprévu me mit vraiment en retard cette fois. Je pénétrai dans la salle, le cours avait déjà commencé et le prof de math me jeta un regard désapprobateur.

Le cours me sembla durer une éternité, et mon manque d’enthousiasme pour cette matière n’en était pour rien. J’avais les yeux embrumés pendant toute la séance. Les pensées qui m’assaillaient et les équations que transcrivait le prof de math sur le tableau se disputaient mon cerveau. Les chiffres se mêlaient à des images qui apparaissaient quelques secondes avant de s’effacer aussitôt. Mais les visions qui s’imposaient à moi étaient bien trop troublantes pour que le flot de parole qui émanait du prof ait la moindre chance de remporter le combat.

Je n’arrivais pas à décider si c’était mon imagination qui m’offrait une distraction pendant le créneau le plus ennuyeux de la journée, ou si c’était mon inconscient qui faisait émerger des images de mon vécu.

Je voyais des yeux apeurés, des yeux que je connaissais très bien. Je voyais du sang, de grosses flaques sur le sol, de petites taches sur les murs. Les murs aussi m’étaient familiers, de même que le tapis et les pièces où je voyais tout ce rouge.

Deux visages effrayés me fixaient d’un air implorant. Ces visages je les connaissais car je les voyais tous les jours. C’étaient les visages de ma mère et de ma sœur.

La sonnerie mit fin à mes divagations. Je fus soulagé par la fin du cours et sentit un flot de culpabilité. J’avais déjà assez de retard en math, et je n'ai pu m’empêcher de gâcher un cours de plus. Je n’avais rien suivi, il faudrait que je relise le cours en entier.

Les cours suivants furent plus faciles à suivre bien que certaines images revenaient sans cesse et que je ne parvins à les chasser.

L’heure de manger vint très vite. Je m’assis à la cantine avec une poignée de camarades avec qui je n’avais aucune affinité, mais qui me permettaient surtout de ne pas m’isoler, de passer inaperçu, « fondre dans la masse » comme l’aurait formulé ma mère.

En m’installant, mes yeux se tournèrent machinalement vers un coin reculé de la cafétéria et je la vis, assise toute seule à sa table, mangeant en silence. Elle avait le regard perdu, ne prêtant même pas attention aux regards insistants de certains garçons tombés sous le charme. Je la vis même en éconduire un de façon très gentille, lorsque celui-ci s’assit en face d’elle et entreprit la conversation avec elle.

Je réalisai soudain que je n’étais pas mieux que tous ces garçons stupides. Je n’avais cessé de la fixer, je n’avais même pas entamé mon repas.

Savait elle seulement que la plume qu’elle avait caressé avec tant d’admiration était la mienne ? Ce serait sûrement le seul moyen pour l’impressionner et avoir la chance ne serait que de partager son repas. Un instant j’envisageai de l’aborder, mais je me ravisai aussitôt. Lui parler de mes ailes ne serait pas une bonne idée. Soit elle me prenait pour un fou, soit je l’emmenais à part et les lui montrais vraiment, si elle accepte de me suivre bien évidemment. Auquel cas je lui aurais dévoilé mon secret, et ce dernier n’appartenait malheureusement pas qu'à moi.

Je me rassis donc, peiné. Mes camarades qui ne remarquèrent en rien mon objectif premier, virent néanmoins mon expression se figer dans une sorte de mou qui faisait pitié. Plusieurs d’entre eux me demandèrent si tout allait bien. Je regagnai alors mon éternelle bonne humeur pour échapper à leurs yeux inquisiteurs, car si moi je ne m’inquiétais pas pour moi-même, eux si.

Je ne fus pas déçu en entendant la sonnerie. Elle m’extirpa de mes pensées, comme d’habitude, et je me levais avec peine, encore fatigué. J’avais somnolé presque tout l’après midi, ce qui me fit un peu de bien mais me valut deux ou trois reproches de la part de mes professeurs.

Une fois dehors j’hésitais encore entre prendre le bus et rentrer à pied. La fatigue m’encourageait pour la première option, mon besoin de solitude pour la deuxième. On trancha pour moi.

- Je te raccompagne ?

Un souffle m’effleura la nuque en même temps que j’entendis ces paroles. Je frissonnai. La voix m’était totalement inconnue et un espoir éclaira mes yeux avant même qu’elle eut le temps de me contourner pour se planter devant moi.

- Tu comptais rentrer à pied ? Parce que si c’est le cas, je veux bien qu’on fasse un bout de chemin ensemble, me dit elle.

Était-il possible qu’elle parlât à moi ?

- J’en conclus que oui alors. Super !

Sur ce elle me dépassa et prit la direction que j’empruntai tout les jours pour rentrer chez mon grand père, puis elle stoppa net, se détourna et me regarda d’un air amusé. Elle me fit signe de la rejoindre. Je pris mon courage à deux mains et la suivit.

J’adaptai mon rythme au sien et marchai légèrement derrière elle, de sorte à ce qu’elle ne voit pas mon expression ahurie, et que je puisse la regarder sans qu’elle s’en aperçoive. Je compris qu’elle n’aimait pas être examinée de la sorte lorsqu’elle ralentit pour me laisser arriver à sa hauteur.

Le silence s’installa entre nous. Il fallait que je saisisse cette chance.

- Tu es en terminale c’est ça ?

C’était le mauvais sujet à aborder. Elle allait sûrement me demander dans quelle classe j’étais et s’enfuirait dès qu’elle saurait qu’elle était plus âgée que moi.

- Oui, me répondit elle. Je suis contente c’est bientôt la fin. J’en ai marre du lycée. Et toi tu es en première, c’est ça ?

- Oui.

Elle me sourit. J’étais presque inaudible, comme si j’en avais honte. Je finis par lui sourire à mon tour, évitant de reprendre le fil de la parole. Je ne trouvais rien d’intéressant à dire sur le moment, et je ne voulais pas paraitre idiot.

- Tu sais il y a bien de façons d’approcher une fille. Je t’ai vu me regarder à la cantine. Mais bon, au moins toi tu n’es pas comme tous ces crétins.

Je virai au rouge. Si seulement j’avais mes ailes en ce moment précis pour me cacher le visage.

Elle s’esclaffa. Je ris de même. La discussion prenait une tournure que j’appréciais. Tout cela voulait il dire qu’elle m’appréciait aussi ?

- En tout cas me voilà faire le premier pas, enchaina-t-elle après quelques minutes de silence. J’avais envie de te montrer quelque chose.

Sur ce elle me prit la main et m’entraina loin de la route.

- Tu sais je pense que ça ne sert à rien de se dérober plus longtemps, me dit-elle. Ça ne sert à rien. Tu as un secret et je le connais.

Je stoppai net. Je la regardai, ébahi. Se put il qu’elle parle de mes ailes ? Si ça te trouve elle est à des milliers de kilomètres de la vérité mais pense avoir découvert quelque chose me concernant.

Je tentai de détendre l’atmosphère.

- Et bien tu n’as qu’à me dire ce que tu sais et je te dirais si tu fais fausse route, rigolai-je.

Sur ce, elle jeta sa veste à terre et ôta son t-shirt. Je ne savais comment interpréter son geste, je n'eue de toute façon pas le loisir d'y réfléchir trop longtemps, ses courbes attiraient déjà mon regard. Elle avait une silhouette élancée, un corps qui me parut parfait, et je me rendis compte que je ne l'avais jamais remarqué. Mon hébétude fut interrompue par quelque chose qui bougea derrière son dos. Ses ailes se rétractèrent de chaque côté. Elles étaient imposantes, peut être plus que les miennes. L'ombre que créait ses ailes l'enveloppa toute entière et, loin de l'éclat aveuglant du soleil, la signification de ce qui se dévoilait à mes yeux s'imposa à moi comme pour me crier qu'il était temps de réagir.

Elle me sourit avec un regard curieux.

- Je donnerais tout pour savoir ce qui se passe dans ta tête en ce moment, me dit-elle.

- Je ne sais pas quoi dire, bégayai-je.

Sur ce, elle battit des ailes et partit.

To be continued...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'ai pas encore lu mais juste pour te dire : 7amdellah ki tfakartna :P

Samyouta

Anonyme a dit…

je viens de lire. et j'ai trouvé le chapter 2 magnifique. Une jolie histoire d'amour qui se dessine la :D

Sakura a dit…

supeeeeeeeeer :D

Anonyme a dit…

Nous attendons la suite rahou ;)

(je suis sûre qu'il a beaucoup d'autres opersonnes qui te lisent et ne commentent pas par flemme :D, donc fais plaisir à tes admirateirs secrets w postilna 7wija!!!

Samyouta

Sakura a dit…

Oups désolé tlehit. Jmy attele dès ce soir jesper avoir dla matière pr la fin dla semain. Promi :-)